Le chœur à l’ouvrage

30 octobre 2022
Par Véronique Della Valle

Compagnon Biographe en Île-de-France

Comment écrire un récit de voyages au cœur du Sahara, quand huit narrateurs enthousiastes multiplient les informations en passant d’un sujet à un autre, sans lien évident ni transition ?

Au début était le chaos !
Je rencontre d’abord six d’entre eux, que passionnent les relations humaines, les paysages infinis et « la bagnole ». Pendant une vingtaine d’années, ils ont sillonné les déserts africains et pris des centaines de photos. Elles sont là, sur la table, prétexte à raconter tout et n’importe quoi, les pneus crevés, les bagages à emporter, la faune, la flore, les nuits à la belle étoile, les accidents graves, les risques encourus… En plein désert, je patauge ; le comble ! Le Sahara couvrant plus de 9 millions de km2 et s’étendant sur dix États, j’ai de quoi me faire du souci. Où se passe cette anecdote ? En quelle année ? Qui participait à ce voyage ? Mystère !

Qui assume la narration ?
Après le premier rendez-vous, j’obtiens une cinquantaine de pages de transcription, une masse sans fil conducteur, où je prends soin de noter qui a dit quoi. Je choisis de garder le « nous » pour la narration, à l’exception de certains chapitres où une seule voix s’exprimera, parce qu’elle seule a vécu une expérience particulière.

Trouver les lignes de force pour en faire les thèmes du récit
Impossible de commencer à écrire tant que je n’ai pas entendu tous les narrateurs. Les deux premiers entretiens me permettent de repérer la majorité des thèmes à traiter. J’invente une forme de codage : T°2-13 ; T°4-2… transcriptions et pages où trouver chaque thème répertorié. À partir de cette base thématique, je peux (ré)interroger chacun.

L’individuel et le collectif
Les huit personnalités étant radicalement différentes, je garde la définition du désert que chacune, spontanément, a donnée, et je la place au début du livre en vis-à-vis de sa photo. Chaque voix est ainsi entendue, au sein de ce groupe très soudé, dont le texte de 4e de couverture fait l’éloge :
« Pour raconter nos voyages dans le désert, nos voix se sont agrégées. Celles d’un groupe solidaire et joyeux, uni par d’incomparables aventures, dans ces déserts que l’on croit parcourir, alors que ce sont eux qui nous traversent, nous irradient et nous transforment pour toujours ».

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