Des rencontres et des vies fascinantes

18 avril 2022
Par Charlotte Duprez-Desnoulez

Compagnon Biographe du Nord


Au Salon du livre de Bondues (Hauts-de-France) les 19 et 20 mars, notre stand des Compagnons Biographes suscite la curiosité des visiteurs. Quel est donc ce métier ? Pourquoi écrire sa vie ? Pouvons-nous les aider ?

« Je me souviens… »
En guise d’animation, nous invitons les visiteurs à s’inspirer de la célèbre phrase de Georges Pérec pour écrire un souvenir qui les a marqués ou qui leur est cher. Les petits papiers colorés, porteurs de toutes ces réminiscences, éclaboussent notre stand d’émotions, palette de souvenirs touchants, éprouvants ou drôles, tels « Je me souviens que ma mère a failli mourir de rire ! »

Des envies d’écriture inquiètes
Notre stand accueille des curieux, des passionnés de biographies, des volubiles qui nous racontent leur vie. Quelles meilleures oreilles que celles des biographes ? Dans ce ballet joyeux, d’autres, nombreux, caressent le rêve ou le projet d’écrire leur autobiographie. L’un souhaite être accompagné dans l’écriture de son parcours professionnel atypique, mais il s’inquiète parce que son esprit fonctionne en arborescence : « Ça va aller ? » Une autre ne veut conter que ses souvenirs d’enfance pendant la guerre, pour ses petits-enfants, « parce que le reste, ils s’en fichent ! » Un ancien syndicaliste aimerait raconter ses combats et ses désillusions mais « je suis vieux, mes histoires n’intéressent personne, cette époque a disparu ! » Nous devons les rassurer. « Votre vécu sera palpitant pour vos proches ! À travers votre récit, ils seront surpris de découvrir qui vous avez été, comment vous vous êtes construit et quel a été votre mode de vie. »

La nécessité d’écrire
D’autres nous confient leur besoin presque vital d’écrire. Celle qui vit une descente aux enfers et qui veut témoigner pour alerter et livrer ses conseils, celle qui a besoin de s’exprimer, de libérer son cœur lourd et celui qui me révèle un secret et s’esquive, l’air de rien. Histoires toutes édifiantes, passionnantes, poignantes… Durant ces deux jours, ma collègue Marie et moi avons à cœur de légitimer l’envie de se raconter, que ce soit pour laisser une trace, expliquer, témoigner ou se sentir mieux.

Quelques souvenirs recueillis lors du Salon du livre
« Je me souviens… »

Je me souviens d’un voyage en train de nuit avec mes grands-parents. Tout le monde dormait. Je m’ennuyais, alors j’ai mâché un puis deux puis trois chewing-gums. J’ai lancé les boulettes mastiquées à travers la voiture couchette. Dans l’obscurité, je ne voyais rien. Malheureusement les boulettes ont atterri dans les cheveux de la dame qui voyageait avec nous. Je vous laisse imaginer l’état de sa coiffure au réveil ! Elle avait rendez-vous le matin même au Parlement européen de Strasbourg…

Je me souviens du regard inquiet et empli d’amour de mon grand-père me voyant chevaucher mon cheval à moteur. « Oui Papy, je fais attention… »

Je me souviendrais toujours de ma grand-mère, des valeurs qu’elle m’a transmises et de la trace qu’elle laissera durablement grâce au livre qu’elle a écrit. Son histoire restera gravée dans l’histoire familiale. Merci pour le livre de ta vie Mamie.

Je me souviens de notre évacuation vers le Lot-et-Garonne pendant la guerre. J’avais cinq ans.

Je me souviens de mon père qui enfile son manteau dans le couloir. Il part à une réunion du tennis club au sein duquel il est juge arbitre. Il m’envoie un baiser et me dit : « À demain Babouchka ! » C’était la dernière fois que je le voyais. Il est mort le soir même d’un infarctus. J’avais onze ans.

Je me souviens de Bonne-Maman qui disait : « Le soleil est derrière les nuages. »

Je me souviens des vacances dans les années 60, à cinq dans la Dauphine, moi sur les genoux de mon frère, ma mère et ma sœur à l’arrière, assises sur les couvertures. Traversée de la France, arrêts au camping au bon vouloir du temps, nuits dans la voiture ou dans la petite canadienne… C’était le bon temps.

Je me souviens des chemises blanches amidonnées de mon père.

Je me souviens de la méchanceté de ma prof de chant. Chaque vendredi soir, j’allais au cours une boule au ventre. Mais à force de courage et de persévérance, je suis rentré au conservatoire de musique. « Fais de ta vie un rêve et d’un rêve une réalité » (Saint-Exupéry)

Je me souviens de mon émotion et de mon bonheur quand j’ai célébré le mariage de mes deux enfants lors de mon mandat de conseiller municipal.

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